Je m’appelle Maryam, j’ai 47 ans, je suis mariée et j’ai trois garçons. Je grandis dans une famille musulmane, seule fille parmi cinq frères. Déjà petite, je me parle à moi-même en me demandant : « Comment se fait-il que je n’aie pas de sœurs ? ». Je me sens seule, égarée et je me méprise souvent. Je suis tout le temps dégoutée. Ma situation commence à s’améliorer avec le temps quand je deviens jeune fille, car je vais à l’école… jusqu’à ma 3eme année (Secondaire). A la même époque je me fiance avec mon futur mari, à l’âge de 16 ans. Juste après nos fiançailles, il part pour accomplir son obligation de service militaire de 18 mois. Après avoir effectué son service militaire, il a eu un accident. Il reste inconscient, dans le coma pendant 13 jours. Les médecins nous disent qu’il n’y a que deux possibilité pour lui, soit il meurt, soit ….il perd la raison. A ce moment, mon entourage familial me conseille de le quitter, de ne pas l’épouser : “Ne reste pas avec lui, ou tu cours le risque de perdre la vie à cause de problèmes potentiels que tu pourrais avoir avec lui ». Ma réponse : « Non, j’étais avec lui tant qu’il était en bonne santé et je vivrai avec lui en mauvaise santé ». Je décide de continuer ma vie avec lui, bien qu’il soit très perturbé. Il perd souvent conscience et sa mentalité change.
Ainsi, à l’âge de 19 ans, je me marie avec lui. Par la suite, je rencontre beaucoup de problèmes avec lui ; il me bat régulièrement ; nous nous séparons pendant trois mois ; je retourne dans ma famille ; puis nous nous réconcilions, je reviens vers lui, mais en vain, c’est toujours la même chose, il me bat, il me maltraite, il me méprise, il est comme un fou, il perd la raison, même après la naissance de notre premier enfant, Ali. Je suis frappée, je tombe sur le sol et même là, il s’acharne sur moi. Heureusement pour moi, mon beau-père s’occupe de nous. Il prend tout en charge, pour tous nos besoins de subsistance. Ali nait en bonne santé, et tout petit il commence à prononcer quelques mots comme papa, maman. Mais, par la suite, il tombe petit à petit malade et devient handicapé. À l’âge de sept ans, il est incapable de parler ou de marcher. Avec les problèmes de mon mari et la nécessité de m’occuper de mon fils handicapé, c’est très difficile pour moi. Heureusement que mes beaux-parents, notamment mon beau-père, continuent de me soutenir sans faille. La situation avec mon mari empire. A chaque fois que je le quitte pour aller chez mes parents, il me prévient : « Ne reviens pas avec Ali, reviens seule ». Mais avec le soutien de son père, je reviens toujours avec notre fils. Quelquefois je pense : ” Si j’avais écouté ma famille qui m’a conseillée de le quitter, je ne serais pas dans de telles situations, car ils m’ont prévenue que j’aurais des problèmes avec lui, vu son état ». Mais malgré tout cela, je veux lui rester dévouée et poursuivre ma vie avec lui.
Une famille en proie de la malédiction
Les difficultés continuent. Mon mari est au chômage. Il m’empêche de sortir de la maison. Je vis cloitrée. Le mot qui va avec moi est « chagrin ». Je me suis mariée dans le chagrin, j’ai eu mon premier enfant dans le chagrin. Et le sort s’acharne sur moi. Nous avons un deuxième fils, Fadel. Il a aussi un handicap, un problème orthophonique, de bégaiement. « Comment puis-je continuer à vivre avec deux enfants anormaux dans ma vie ? ” « Je dois m’occuper de trois personnes handicapées, en comptant mon mari ». J’ai eu plusieurs fois l’idée de me suicider, de sauter du toit. Ali, qui a maintenant 8 ans, ne marche pas encore. Il essaie de se mettre debout mais c’est impossible pour lui. Alors, il se déplace avec peine à quatre pattes. Pour se déplacer, il s’accroche aux meubles, tables, chaises ou lits etc. Mon beau-père continue de m’aider, et prend en charge en ce qui concerne la nourriture et les soins. Chaque fois il me dit : “Votre fils est probablement sous l’emprise de mauvais esprits”, et il m’emmène avec lui voir des marabouts et visiter des mausolées. On met plusieurs grigris sur le dos d’Ali, des grigris grands comme des cartables. On nous demande souvent de faire des sacrifices, égorger un chevreau ou une poule noire. On se déplace partout, dans les mausolées, les montagnes, partout où il y a un voyant, un charlatan ou un marabout. Pratiquement chaque jeudi je vais dans les zaouïas (mausolées). On me dit : « C’est important de lui écrire des grigris (amulettes) et lui faire une Roqya » (mot arabe pour un exorcisme propre à l’islam). Ou encore : « Il faut qu’il devienne comme nous … tu dois le faire visiter 20 mausolées ». Mais, moi je refuse, je ne veux pas qu’il devienne comme eux ! Je veux seulement qu’il soit guéri … je sais tout cela n’est que de la sorcellerie.
Introduction (cliquez ici)
2ème partie : Une nouvelle vie (cliquez ici)
3ème partie : Des naissances miraculeuses et le pardon (cliquez ici)