Les Drag Queen Story Hours (DQSH) sont des manifestations pour enfants où une drag-queen* raconte à de jeunes enfants des histoires de genre tirées de livres de contes. Le phénomène, déjà connu aux Etats-Unis, commence à émerger en Suisse avec de premières séances à Zurich, à Vevey, à Delémont et désormais à la médiathèque de Martigny pour les enfants dès 6 ans. Lucie Rochat, membre de l’Association du journal Le Peuple, s’est rendue à une Drag Queen Story Hour et nous livre ici son récit. 

Mon attention ayant été attirée sur ce phénomène par l’Association Initiative de protection, qui lutte contre les projets de sexualisation précoce des enfants, je me suis rendue à sexualisation mercredi 28 septembre pour écouter les histoires de Tralala Lita. Je note en entrant dans la bibliothèque que rien n’indique sur l’affiche qu’il s’agira d’un travesti et qu’il faut aller sur le site de la médiathèque pour l’apprendre : « Durant environ une heure, Tralala Lita lit un ou plusieurs albums classiques pour la jeunesse. Ces albums, minutieusement sélectionnés, parlent de personnages différents et fiers de l’être ! Le but de ce spectacle est de promouvoir, de manière inclusive, ludique et festive, la littérature auprès des plus jeunes en abordant des sujets liés à la diversité, l’estime de soi et la tolérance. La drag queen Tralala Lita est interprétée par Vincent David, comédien professionnel qui possède une longue expérience dans la lecture à voix haute et la promotion de la lecture. Venez vivre un moment arc-en-ciel (sic) avec Tralala Lita ! Pour toute la famille, dès 6 ans ».

Un animateur qui connaît son affaire

Lorsque j’entre dans la bibliothèque, une quinzaine d’enfants et quelques parents sont là. Tralala Lita est drôle, exubérante et sait parler aux enfants. Les ouvrages sélectionnés sont disposés sur une table basse et après une amusante mise en scène d’interview, un enfant est invité à tourner la roue qui définira le premier livre. L’histoire d’une petite fille qui ne voulait pas se déguiser en princesse comme toutes les autres. Puis l’histoire d’un petit garçon qui voulait devenir une marmotte. Le ton est léger, teinté d’humour, les enfants sont captivés. J’écoute, je prends quelques photos et je réfléchis. Pourquoi ? Pourquoi des personnages du monde de la nuit, hommes déguisés en femmes, généralement mis en scène dans des cabarets ou des boîtes de nuit, viennent-ils faire la lecture à nos enfants ? Car il ne s’agit pas d’une banale princesse venue raconter des contes aux enfants : le but est de promouvoir la diversité de manière inclusive, dans un moment arc-en-ciel. J’y pressens une nouvelle tentative de célébrer des comportements sexuels ou modes de vie spécifiques qui n’ont tout simplement pas leur place dans un monde d’enfant. Je rejoins ainsi l’avis de la pédagogue allemande Karla Etschenberg, connue pour son engagement pour une éducation sexuelle sans idéologie, qui voit dans ces DQSH une volonté d’« entraîner les enfants – sans motivation propre – dans le monde de la sexualité adulte, donc de nouveau d’une méthode pour sexualiser les enfants ». Car un enfant, ça pose des questions. Ça passe même son temps à poser des questions. A chercher à connaître, à savoir, à comprendre. Comment réagiront ces parents lorsque ces enfants chercheront à approfondir le sujet des drag queens et se retrouveront alors confrontés au monde dans lequel elles évoluent ?

*Personne, généralement de sexe masculin, qui se présente sous une forme féminine nourrie d’archétypes. Le milieu est fréquemment lié à l’homosexualité masculine.

 

Commentaire de Raphaël Pomey

Lorsque nous étions enfants, les Églises que nous fréquentions aimaient nous présenter les profils les plus spectaculaires possibles d’anciens rebelles, toxicomanes, satanistes, etc. Il fallait que le personnage marque les esprits pour démontrer que Dieu, réellement, était tout-puissant, même si quelques minutes plus tard les personnes que nous venions de découvrir retrouvaient la vie qu’elles n’avaient jamais quittée. Parfois sans mal, parfois dans la souffrance supplémentaire de devoir renoncer si vite à l’idéal trop élevé qu’elles venaient de présenter à des enfants. Aujourd’hui, les néo-convertis de nos enfances ont été remplacés par des drag queens, parfois charmantes au demeurant. Le métier de certaines d’entre elles consiste à vendre les mérites de la lecture inclusive dans des bibliothèques, sous le regard ébahi de parents. Ces personnes sont encore plus spectaculaires que les convertis de l’extrême de nos jeunes années, mais le procédé est le même : frapper les esprits d’abord, et tenter de convaincre par la suite avec un discours plus ou moins articulé, en tout cas assez convaincant dans le cas présent. Cette similitude des procédés exprime une chose : à l’effondrement en cours du christianisme institutionnel répond l’émergence d’une autre religion, qui vise à recréer un paradis inclusif et dégenré sur terre.

Source : www.lepeuple.ch