Une étudiante de la Haute École de Santé Vaud (HESAV) tire la sonnette d’alarme face à de nouvelles recommandations troublantes. Utiliser « personne enceinte » plutôt que « future mère ». « Naissance le » plutôt que « né » ou « née le ». « Homme enceint » si la personne, fatalement dotée de chromosomes XX, se perçoit comme telle… Voici quelques recommandations données à la rentrée qui ont fortement troublé une étudiante de la filière sage-femme de l’HESAV, à Lausanne.

Soucieuse de garder l’anonymat pour ne pas péjorer sa formation, la jeune femme s’en est ouverte auprès d’une de ses amies, mère de famille. Transformée en ambassadrice, cette dernière a fait suivre son témoignage au secrétariat de l’UDC Vaud.

Le wokisme sévit aussi sur le compte Facebook de la Haute École

Comment, en effet, s’assurer que la future professionnelle de la santé, dans la rédaction de son mémoire, ne soit pas obligée de courber l’échine devant toutes les modes du moment ? « Ce qui m’ennuie est que la direction a demandé aux élèves de rédiger tous leurs devoirs en utilisant l’écriture inclusive, ce qui, rapporté au domaine d’étude (ndlr l’accouchement), me laisse perplexe », admet la confidente. Et de poursuivre : « Le message était que ce n’est pas une obligation, car c’est la première année que l’école met ça en place, donc ils disent qu’ils seront indulgents là-dessus mais ils l’encouragent très fortement. » Selon le témoignage de sa jeune amie, il faudra carrément renoncer aux termes hommes ou femmes dans le mémoire, au profit du pronom « iel ».

De simples « recommandations »

Exagération à des fins de propagande ? Mauvaise compréhension ? Nous avons posé la question à la directrice de l’HESAV, Carole Wyser. Cette dernière ne le cache pas, elle trouve « regrettable qu’un témoignage anonyme dont la véracité n’a pas été contrôlée soit transmis à des personnalités politiques ». Elle fait également part de son « étonnement par rapport au contenu des propos rapportés » et au « manque d’informations quant au contexte dans lequel ils auraient été tenus ». Et de relativiser : « Notre corps enseignant sensibilise les étudiantes et étudiants à ces questions et il s’agit de recommandations. » Elle replace ces informations dans leur contexte : « En tant que haute école de santé, nous sommes attentifs à l’inclusion sous toute ses formes et sans limitation au genre uniquement. Dans la continuité des recommandations du Canton de Vaud ou de la Haute École spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) auxquels nous sommes rattachés, le langage inclusif est recommandé et cela depuis quelques années déjà au sein de notre institution. » L’un des documents transmis aux élèves, le « Guide de rédaction épicène » (2008), est du reste le fruit du travail du Bureau de l’égalité vaudois. L’autre, de 2019, vient directement de la HES-SO : il propose des pistes pratiques pour que ses lecteurs puissent démontrer leur « volonté de privilégier l’inclusion et le respect de chacune et chacun ». Pour féminiser les mots, ce document préconise par exemple d’« éviter la parenthèse, qui entoure quelque chose de « superflu », et la barre de fraction (/), qui par définition exclut. » Le document recommande aussi de ne pas parler de « personne myopathe » mais de « personne avec une maladie neuromusculaire ». Reste le contexte : supprimer la notion de maternité ou de différence hommes/femmes est-il réellement judicieux dans un domaine médical où le sexe biologique prévaut sur les ressentis individuels ? « Le langage inclusif est appliqué de manière réaliste et pragmatique. Il est clair pour nous que l’on parle au féminin pour les femmes enceintes et futures mères », répond Carole Wyser, qui rassure : « Le terme de « maternité » est communément utilisé dans la formation car il correspond à la période vécue par la mère pendant la grossesse. Toutefois, le terme de « parentalité » est également utilisé, car il permet de prendre en considération l’ensemble du processus vécu par la mère et le père, et/ou les partenaires impliqués. »

« C’est une femme qui accouche »

Secrétaire de l’UDC Vaud, Floriane Gonet n’est pas convaincue : « Je tiens à préciser que le témoignage n’est pas anonyme. La personne qui a manifesté son mécontentement n’a pas caché son nom. Il nous est connu et nous avons pu échanger. Cela dit, les réponses de cette école me laissent perplexes. En effet, je remarque que les étudiantes et les étudiants sont priés d’utiliser le langage inclusif là où il n’a pas lieu d’être ». Elle demande ce que peut bien signifier le terme de « recommandation » concernant le langage inclusif lors d’élaboration de travaux personnels : « Selon l’école, il est recommandé de l’utiliser, mais malgré tout, c’est une femme qui accouche, un homme ne peut pas. Même si elle se considère comme homme. Je n’invente rien. C’est simplement la nature. »

Selon elle, il est triste de « constater que tous les efforts faits pour que les femmes soient pleinement reconnues se retrouvent ridiculisés par ce genre de recommandations. » Et de conclure avec ironie : « Est-ce que la prochaine étape sera d’annoncer la naissance ‘d’un être humain’ et non plus d’un petit garçon ou d’une petite fille ? »

Source : www.lepeuple.ch