Dans une interview à Futur CH, Giuseppe Gracia, écrivain et porte-parole du diocèse de Coire, nous montre à quel point les médias influencent la politique et la société, tel un quatrième pouvoir s’ajoutant aux trois constitutifs de l’Etat (exécutif, législatif et judiciaire). Dans l’univers médiatique d’aujourd’hui, on parle beaucoup de tolérance, mais seuls certains points de vue bien spécifiques semblent dignes d’être estampillés « tolérants ». Giuseppe Gracia observe que les autres, ceux qui expriment une remise en question des standards moraux ou culturels portés par la majorité médiatique, sont en revanche montrés du doigt. « Critiquer l’Église, oui. Critiquer les valeurs ou modes de vie classiques, oui. Mais critiquer ce qui est dans l’air du temps, la vision du monde des mouvements de gauche et écologistes, je ne préfère pas. Parce qu’on est vite catalogué comme un rétrograde », poursuit le porte-parole. « Par exemple, la migration : dans ce domaine, c’est le dogme de l’ouverture des frontières qui prévaut, à moins qu’il n’existe une situation exceptionnelle comme la crise du coronavirus. Quiconque défend une politique migratoire différente est stigmatisé comme étant raciste. »

Il explique comment la stratégie d’ « étiquetage » des personnes sert à décrédibiliser toute opinion divergente. C’est ainsi que les tenants d’un discours chrétien sur le mariage, la famille ou la sexualité sont quasi systématiquement présentés comme extrémistes ou haineux envers les femmes ou les homosexuels. Mais « la tolérance implique que je supporte cela, que j’accepte que d’autres veuillent percevoir et concevoir le monde différemment. Aussi je m’abstiens de les considérer comme des personnes arriérées, extrémistes ou mauvaises à cause de ces différences. Je peux tout à fait rejeter leurs idées, mais pas elles-mêmes en tant qu’êtres humains. Où voyons-nous une telle attitude aujourd’hui ? Qui fait la différence entre critiquer une idée et critiquer la personne qui l’exprime ? », regrette Giuseppe Gracia. Avant de rappeler que c’est le débat qui fait vivre la démocratie.

Le magazine 3/2020 où est parue cette interview peut être commandé ici.