L’islamisation galopante de nos sociétés occidentales est désormais un secret de polichinelle. N’importe quel observateur, sans même le besoin d’avoir l’œil averti, ne peut que constater l’emprise croissante de l’islam et de ses pratiques dans notre espace public, notre espace symbolique, dans notre vie de tous les jours.

François Billot de Lochner

Cette emprise peut être des plus visibles et spectaculaires, comme la construction des mosquées, les prières de rue ou les appels à la prière qui ont par exemple retenti dans nombre de pays d’Europe pendant le confinement. Elle peut également être des plus insidieuses, comme l’introduction en douceur de la « finance islamique » ou du tout halal.

Piétinement des valeurs chrétiennes

Les réactions de la plupart des Etats d’Europe occidentale se caractérisent par la passivité, au mieux, par la complicité, au pire. La raison en est simple: l’Union européenne, en refusant de reconnaître que l’Europe a intrinsèquement des racines chrétiennes, et que son histoire s’est construite pendant des siècles en opposition à l’islam et à ses valeurs, se prive d’une colonne vertébrale solide pour pouvoir répliquer à ce qui ressemble fort à une invasion et à une volonté déterminée de changer nos modes de vie, nos références culturelles et nos croyances. Bien plus, l’Union joue un rôle actif, en tant qu’acteur institutionnel, en produisant un droit qui s’impose aux droits nationaux des pays membres, dans le sens d’une islamisation des sociétés, au nom d’une coupable « tolérance », alors même que le modèle diffusé par la religion islamique devrait être perçu comme étant en contradiction totale avec les valeurs européennes, comme l’avait clairement indiqué, en début de siècle, la Cour européenne des droits de l’homme.[1] Plusieurs exemples peuvent être apportés pour illustrer ce propos.

Complaisance institutionnelle face à l’islam

La complaisance des institutions européennes à l’égard de l’islam se mesure bien évidemment, en premier lieu, à la question de l’élargissement de l’Union par l’admission de nouveaux membres. Nombreux sont les dirigeants européens qui n’ont pas renoncé à faire de la Turquie d’Erdogan un membre de l’Union à part entière, alors même que celui-ci n’a jamais fait mystère de sa volonté de conquérir la vieille Europe chrétienne par tous les moyens, qu’ils soient culturels, linguistiques ou démographiques. Pour preuve également l’ouverture, en plein confinement, des négociations pour admettre, au sein de l’Union, l’Albanie et la Macédoine du nord, alors même que, dans certaines régions d’Albanie, la population est musulmane à 95 %. La France d’Emmanuel Macron a joué un triste rôle dans ce dernier épisode, en levant explicitement le veto qu’elle avait posé, quelques mois plus tôt, à la reprise de ces négociations. Le problème est de taille : à partir du moment où vont faire leur entrée, dans l’Union européenne, un nombre toujours plus important de territoires peuplés très majoritairement de musulmans, les exceptions à la loi commune ne pourront que se multiplier, en matière d’exercice du culte public, d’éducation, ou encore de dignité de la femme. Que dire, dans un autre domaine, des arrangements du droit de l’Union européenne avec ses principes sur le bien-être animal en matière d’abattage des animaux de boucherie ? Alors que l’abattage doit normalement être effectué avec un étourdissement préalable, une dérogation existe, permettant l’égorgement de l’animal vivant, pour être en conformité avec les prescriptions religieuses islamiques. Ce qui ne devait être qu’anecdotique est depuis longtemps déjà devenu un problème majeur, avec la généralisation du « halal pour tous » dans la majorité des abattoirs, comme le dénonce depuis des années l’association Vigilance Halal.

Progression impunie de la charia

Ce n’est sans doute pas un hasard si les terroristes qui ont accompli leurs offensives meurtrières un peu partout en Europe ces dernières années, et tout particulièrement en France, sont passés par le quartier de Bruxelles totalement islamisé de Molenbeek, plaque tournante du djihadisme : les islamistes savent bien qu’ils peuvent bénéficier d’une impunité complète dans la ville qui abrite les institutions européennes, totalement prisonnières du communautarisme et du multiculturalisme. Par ailleurs, Bruxelles ambitionne d’être, aux côtés de Londres et Luxembourg, une place stratégique pour la finance islamique, un marché prometteur, qui se chiffre en milliards d’euros dont il ne faudrait pas se priver … Peu importe les dégâts collatéraux, l’argent n’a pas d’odeur. De même, l’application de la charia ne cesse de progresser en Europe à tous niveaux, et les institutions préfèrent fermer les yeux et s’en accommoder. Dans certaines régions, comme la Thrace en Grèce, la charia est ouvertement appliquée au sein de la communauté musulmane. Au Royaume-Uni ont vu le jour des instances juridiques spécifiques, les « conseils de la charia », sortes de tribunaux parallèles qui appliquent des règles gravement préjudiciables, aux femmes en particulier. Quel sera leur avenir maintenant que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne ? Nul ne le sait, mais pour l’heure, ils existent bel et bien. Leur fonctionnement est complètement opaque et ils peuvent faire des émules.

Liberté d’expression en danger

Le Conseil de l’Europe, de son côté, s’en inquiète… mais en vain. La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), qui en dépend et siège à Strasbourg, joue désormais elle aussi un rôle très trouble en ce qui concerne la liberté d’expression et l’islam, comme si l’islam bénéficiait d’une protection spécifique, et que toute critique rationnelle en était interdite. Ainsi, en 2018, la Cour avait validé la condamnation par l’Autriche d’une conférencière, qui avait assimilé à de la pédophilie l’union de Mahomet avec la jeune Aïcha âgée seulement de 9 ans. La CEDH avait alors considéré les propos de Mme Sabaditsch-Wolff comme « de nature à susciter une indignation justifiée » des musulmans, jugeant qu’ils constituaient « une violation malveillante de l’esprit de tolérance à la base de la société démocratique » risquant de « mettre en péril la paix religieuse » : des termes sans équivoque, que les autorités islamiques purent en toute liberté interpréter comme une répression du blasphème. De fortes réactions dans l’opinion avaient heureusement permis qu’en 2019 la CEDH, à l’inverse, défende le droit à la liberté d’expression pour deux professeurs d’Azerbaïdjan [2] qui avaient critiqué l’islam. Une victoire très précaire, qui peut être remise en cause à tout instant, surtout à partir du moment où les équilibres démographiques sont bouleversés.

En attendant, plusieurs propositions de résolutions ont été faites de la part de députés européens pour tenter d’endiguer le phénomène, comme une proposition de résolution en juillet 2019 contre l’islam politique dans l’Union européenne, ou en février 2020, sur le financement étranger de l’islam radical en Europe. Elles n’ont pas été adoptées. Le seront-elles un jour ?

François Billot de Lochner est Directeur de Liberté politique est auteur de nombreux ouvrages dont Chronique de l’islamisation ordinaire de la France, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2017.

Cet article est paru dans le magazine « Futur CH (4/2020) ». Pour commander : www.futur-ch.ch/publications

[1] Voir p.ex. Michel Levinet, « L’incomptabilité entre l’Etat théocratique et la Convention européenne des droits de l’homme/A propos de l’arrêt rendu le 13 février 2003 par la Cour de Strasbourg dans l’affaire Refah Partisi et autres c/Turquie », dans Revue française de droit constitutionnel 2004/1 (n° 57), p. 207–221.

[2] L’Azerbaïdjan est en effet un pays membre du Conseil de l’Europe.