Les trois œuvres caritatives chrétiennes de Suisse, « Action de Carême », « Pain pour le prochain » et « Etre partenaire » ont placé leur campagne œcuménique 2012 sous le slogan « Plus d’égalité, moins de faim ». Tandis que l’engagement de ces œuvres est hautement apprécié sur le terrain, leur recours à la « théorie du genre » dans leurs brochures a suscité de fortes réactions, notamment dans certains milieux catholiques.
D’après un article de Patrice Favre paru dans Echo Magazine du 8 mars 2012, ces catholiques regrettent que l’Action de Carême, œuvre caritative catholique, ait puisé son argumentation « dans les idées à la mode alors que les Evangiles et la tradition chrétienne offrent largement de quoi valoriser la dignité de la femme et son rôle social.» Les exemples cités pour montrer que l’Action de Carême a perdu la vision chrétienne de la famille, sont tirés du site web www.droitalimentation.ch. Les documents catéchétiques proposés aux paroisses catholiques, protestantes et catholiques-chrétiennes de Suisse romande « invitent les jeunes à déconstruire les rôles sociaux ainsi que les responsabilités ‘traditionnelles’ attribuées aux filles et aux garçons, afin de les redéfinir pour un monde plus égalitaire, juste et équitable ».

Plus concrètement, à l’aide d’exemples tirés du monde animal, on offre aux enfants de 2 à 8 ans « l’occasion de découvrir d’autres systèmes d’organisation familiales, que celui dans lequel ils vivent. » Ils apprennent que chez les manchots empereurs la femelle « pond un œuf qu’elle confie tout de suite au mâle. Celui-ci va le couver et le protéger du vent glacial qui souffle sur la banquise. Pendant ce temps la femelle part se nourrir en mer à 150 km de là. » Chez les pieuvres par contre le mâle « vit en solitaire et ne s’associe à la pieuvre femelle que pour l’accouplement ».

Pour Nicolas Buttet, modérateur de la fraternité catholique Eucharistein et un des protagonistes du débat, « cette vision de la famille découle de l’idéologie du genre et non d’une étude sociologique sérieuse». D’après son commentaire posté le 22 février 2012 sur le site cath.ch, «se servir de l’instrument analytique du «genre», c’est

[…] desservir la cause que l’on veut défendre. C’est se tirer un autogoal dans un match où les idéologies marquent déjà suffisamment de buts sans qu’on leur en donne gratuitement ! »