Voici quelques jours, Manuel Valls était à Marseille pour inaugurer un établissement scolaire musulman sous contrat avec l’Etat. Il était accompagné des ambassadeurs du Koweit et du Qatar, et d’un dirigeant français des Frères Musulmans, ce qui donne une idée des orientations de l’établissement à venir. Ce sera là le quatrième établissement scolaire musulman dans ce pays.
Les défenseurs de cette décision diront qu’il existe déjà des établissements scolaires juifs et chrétiens en France, ce qui est exact. Ils diront aussi que, vu le nombre de Musulmans vivant sur le sol français (nombre laissé délibérément dans l’obscurité par les bien pensants qui, pour ne pas voir la fièvre, ont l’habitude de casser le thermomètre), il est logique que des établissements scolaires musulmans existent. On pourrait penser cette position légitime, si on n’avait des raisons de se poser des questions sur l’islam, et si les questions qu’on devrait poser sur l’islam n’étaient sans cesse occultées ou diabolisées.

A la différence du judaïsme et du christianisme, qui ont intégré l’idée de séparation du religieux et du politique, l’islam n’a, jusqu’à ce jour, jamais intégré cette séparation. Il reste, en supplément, porteur d’une vision du monde essentiellement incompatible avec la vision occidentale, judéo-chrétienne, du monde sur des points cruciaux tels que l’égalité de droit entre êtres humains. Favoriser son implantation dans le milieu scolaire ne peut être sans conséquences. Le faire en compagnie de représentants de régimes théocratiques qui n’admettent pas Juifs et Chrétien sur leur sol, sinon en position de dhimmis, est lourd de sens. Le faire, en particulier, en présence d’un représentant du Qatar, pays qui finance des organisations djihadistes est plus lourd de sens encore. Le faire en présence d’un représentant des Frères Musulmans, organisation aux principes totalitaires, violente, que combat présentement le Président Sissi en Egypte, est inquiétant, et bien davantage que consternant.

Le gouvernement français plie et se place à l’ombre de l’islam, et, au sein de l’islam, à l’ombre des tendances les plus obscurantistes de celui-ci. Ce comportement s’explique aisément : le poids du vote musulman est de plus en plus grand, et les partis politiques ont besoin de voix musulmanes. L’existence de zones de non doit, largement musulmanes, fait craindre par les gouvernants, des risques d’émeutes qui, parfois, se concrétisent. Un tel comportement ne va pas du tout dans le sens de l’intégration au monde occidental, mais en direction inverse et a, tout à la fois des allures de soumission préventive et de démission. Des gestes comme celui de Manuel Valls n’incitent pas les Français d’origine musulmane à s’intégrer au monde occidental, et sont plutôt des facteurs de désintégration accentuée.

En une époque où le vote musulman n’avait pas encore un tel poids et où les zones de non droit n’avaient pas encore connu d’explosions de grande ampleur, des enseignants avaient fait paraître un livre parlant des «territoires perdus de la république », et du fait que l’enseignement de certaines matières était pris en otage : aujourd’hui que la situation est pire, on ne parle plus de « territoires perdus de la république », on inaugure des territoire perdus et on les officialise.

Le gouvernement et les bien pensants parleront, je sais, de l’instauration d’un « islam de France », s’aveuglant délibérément sur le fait que l’islam ne connaît pas de frontières : leurs propos auraient pu, en d’autres temps, faire rire par leur stupidité crasse et par l’ignorance qu’ils révèlent concernant l’islam. Ils ne prêtent plus à rire aujourd’hui que « l’islam de France » se bâtit avec la bénédiction du Koweit, du Qatar, et de la branche française des Frères Musulmans. Je n’ai pas l’avis des « Républicains » sur le sujet, malgré une récente « convention » sur l’islam : je ne doute pas qu’ils n’auront pas d’avis, ou un avis tiède. Quant à Marine Le Pen, elle s’est rendue récemment à Al Azhar, au Caire, ce qui laisse songeur. Pendant ce temps, le président de l’Institut Universitaire de Technologie de Villetaneuse est toujours menacé, et son cas n’intéresse quasiment personne : normal. Effroyablement normal.

© Guy Millière pour Dreuz.info.

Guy Millière