Le Conseil fédéral est chargé de proposer au Parlement une base légale visant à interdire le port du hijab, du voile islamique ou de tout effet vestimentaire couvrant le visage ou la tête au personnel féminin de l’Administration fédérale et des entreprises majoritairement détenues ou contrôlées par la Confédération dès lors que celui-ci est amené à se présenter au public.

Sous couvert de liberté religieuse, tant La Poste que les CFF acceptent que leur personnel féminin se présente au public, en particulier au guichet, en portant un hijab ou autre forme de voile islamique. Interpellée, La Poste présente même cette politique comme une manière d’apprécier la diversité culturelle. Quant au Conseil fédéral, dans sa réponse à l’interpellation 20.3856 Interdire le voile aux guichets de la Poste et des CFF, il s’est lui aussi retranché derrière la liberté religieuse et même derrière l’intérêt du personnel à être protégé contre toute réaction négative pour refuser même d’intervenir par ses représentants aux conseils d’administration des entreprises concernées. De l’intérêt de la clientèle, parfois choquée ou simplement mal à l’aise, il n’a pas parlé.

Et pourtant. Toutes deux, les entreprises concernées sont des sociétés de droit public majoritairement détenues et contrôlées par la Confédération. Compte tenu de leur position quasiment monopolistique, leurs clients (nous tous !) sont véritablement captifs. C’est à plus forte raison le cas pour l’Administration fédérale dans la mesure où son personnel féminin est amené à se présenter au public. Or, le hijab, comme les autres formes de voile islamique, ne constitue pas un simple effet vestimentaire ni même un symbole seulement religieux : il est avant tout un signe politique, symbole d’inégalité, de discrimination, de soumission et d’oppression de la femme ; il constitue tout autant une marque ostentatoire de communautarisme et de refus d’intégration. Contraire à nos traditions autant qu’à notre ordre constitutionnel (pensons au principe de l’égalité entre hommes et femmes), de nature à choquer ou simplement à mettre mal à l’aise une clientèle de fait captive, il ne saurait donc être toléré ni dans l’Administration ni dans des entreprises publiques.

Source : www.parlament.ch
Motion déposée par Jean-Luc Addor (UDC) au Conseil National, le 25 septembre 2020