La proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale française par la socialiste Catherine Coutelle en vue de « réaffirmer un droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse en France, en Europe et dans le monde » peut sembler sans grande portée.
Mais les étapes nécessaires pour mettre un tel texte à l’ordre du jour, avec un passage devant le Premier ministre, supposent une sorte de consensus préalable. La date de discussion de la résolution, le 26 novembre, 40e anniversaire du discours de Simone Veil sur l’« IVG » – est lui aussi de forte portée symbolique.

L’initiative s’inscrit dans le cadre de la poussée mondiale pour faire reconnaître l’avortement comme un « droit de l’homme » protégé par les traités internationaux, opposable à tous, garant de la « démocratie », critère d’appartenance aux nations civilisées.

La France se considère volontiers comme la patrie des droits de l’homme. Quand elle s’engage en ce sens, elle se pose en pays « prescripteur » de droits qui fait pression sur les institutions internationales. Cela fait plusieurs dizaines d’années – depuis la conférence du Caire sur la population en 1994 – que les féministes et le lobby de l’avortement œuvrent dans cette direction, sans y être jusqu’ici parvenus.

La résolution de Catherine Coutelle a beau s’appuyer sur les textes de l’ONU, il faut bien comprendre que la mécanique est inverse : c’est la multiplication des affirmations selon lesquelles l’avortement est un « droit de l’homme », ou un « droit fondamental » explicitement sanctuarisé dans les constitutions et les chartes de droits locales qui doit permettre, dans l’esprit de ses promoteurs, de l’imposer au niveau international.

A terme, cela ouvrirait bien sûr la possibilité d’un contrôle supranational, devant les cours internationales des droits de l’homme.

L’initiative française évoque les « récentes remises en cause » du « droit à l’avortement » en Europe : allusion sans ambiguïté au projet espagnol de revenir sur le régime de l’accès sans condition à l’« IVG » pendant le premier trimestre de la grossesse, institué par le gouvernement Zapatero. Pour timide que fût le projet de révision de la loi, personne ne s’est trompé sur sa portée symbolique, et l’opposition vociférante de l’ensemble de l’Europe l’a confirmée.

Pourquoi le gouvernement Rajoy a-t-il fait marche arrière au mois de septembre, au risque de s’aliéner une part importante de l’électorat du Partido Popular ? La pression du lobby de l’avortement aura été la plus forte, parce qu’il en fait une affaire de principe.

De fait, ce n’est pas tant l’accès à l’avortement qu’il veut voir assuré, qu’un rejet total et explicite de la loi naturelle et du respect de la vie : un refus arrogant de la distinction entre le bien et le mal, une subversion définitive du langage. On vient de le voir en Grande-Bretagne où un appel de la responsable du British Pregnancy Advisory Service, principal pourvoyeur d’avortements, suggérait récemment que l’avortement soit considéré comme un acte médical banal, sans conditions et sans législation propre.

Alors, on invoque pour la femme le « droit de disposer de son propre corps », au mépris de la réalité de la vie de l’être humain à part entière qu’est l’enfant conçu. On affirme son droit de disposer absolument de sa fécondité : la résolution française réclame non seulement le droit à l’avortement sûr et légal, mais l’accès universel à la planification familiale par le biais de la contraception. Mais on ne dit pas l’essentiel : la volonté de faire aboutir la construction d’une « structure de péché » ou la protection de la vie devient une activité socialement répréhensible.

http://www.correspondanceeuropeenne.eu/2014/11/21/france-nouvel-objectif-de-la-culture-de-mort/