Lorsque l’on évoque l’Etat islamique, on pense immédiatement aux meurtres sanglants, aux assassinats barbares, et aux destructions systématiques de vestiges antiques, témoins d’un passé que les djihadistes entendent éradiquer, effacer de la surface de la terre et de la mémoires de leurs contemporains. Mais l’idéologie islamiste, pour réelle qu’elle soit, cèle de plus en plus mal une autre réalité : celle des pillages.
« L’Etat islamique détruit des temples antiques de Syrie pour cacher que tout y a été pillé. » C’est ce qu’écrit Mick Van Loon, sur la foi des déclarations de l’archéologue franco-libanaise Joanne Farchakh. Depuis des mois, celle-ci dénonce la destruction d’une civilisation, la volonté de mettre en place un « génocide culturel qui nie l’autre ». Un peu comme si ces iconoclastes du XXIe siècle déclaraient, expliquait-elle encore récemment : « Avant moi, il n’y avait rien, et après moi, il n’y aura rien. C’est moi ou le néant ! »

Meurtres, destructions… et pillage

Mais derrière l’aspect idéologique, la question financière est de plus en plus présente. Les spécialistes l’affirment depuis déjà depuis plusieurs mois, mais aujourd’hui le mouvement s’est nettement intensifié. L’Etat islamique vend en effet les statues, les frontons en pierre et les fresques à certains commerçants internationaux. « Des antiquités de Palmyre sont déjà en vente à Londres », déclare Joanne Farchakh.

Il ne suffit donc plus aux djihadistes de vendre le pétrole dont ils ont pris le contrôle. Les antiquités aussi sont source de revenus importants. Et la destruction des temples et aux vestiges antiques prend, dès lors, une connotation beaucoup plus pragmatique – et mercantile. En détruisant tout, l’Etat islamique tente d’effacer les preuves d’un pillage systématique. Dès lors, continue l’archéologue, « personne ne sait donc ce qui a été dérobé précédemment »… Au départ, les djihadistes utilisent les services de spécialistes, vraisemblablement rémunérés. Ils passent ensuite par des intermédiaires turcs pour faire passer en fraude ces trésors antiques en Europe, et – surtout – trouver des acheteurs peu regardant et fortunés : collectionneurs, marchands d’art, investisseurs, etc.

Un marché parallèle fort juteux

L’opération prend du temps : celui de faire monter le prix sur ces marchés parallèles. « Plus la destruction dure longtemps, plus les prix montent sur le marché international de l’antiquité », explique Joanne Farchakh. Qui précise que les clients savent déjà que le temple romain sera le prochain à être détruit ! Les vestiges susceptibles d’être vendus une fois récupérés, l’Etat islamique détruit ce qui reste. Pour cacher donc ses forfaits. Mais aussi alimenter sa propagande…

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François le Luc