Le président islamique turc, Recep Tayyip Erdogan, est revenu jeudi soir sur son rêve, celui d’une super-présidence qui ferait de lui le véritable homme fort de la Turquie. Il a, pour préciser sa pensée, évoqué les Etats-Unis, la Russie et la France, mais aussi l’Allemagne d’Adolf Hitler.Devenir super-président, il y a des années que Recep Tayyip Erdogan, qui a gravi petit à petit les échelons du pouvoir, en rêve. Pour lui, cela serait tout à fait normal dans le régime politique actuel de la Turquie. « Dans un système unitaire, un système présidentiel peut parfaitement exister. Il y a actuellement des exemples dans le monde et aussi des exemples dans l’histoire. Vous en verrez l’exemple dans l’Allemagne d’Hitler. Il y a d’autres exemples ensuite dans différents autres pays », a-t-il ainsi déclaré jeudi soir aux journalistes qu’il recevait à son retour d’Arabie Saoudite.

Une super-présidence à la Hitler pour la Turquie

Parmi ces autres pays, le président Erdogan nomme régulièrement les Etats-Unis, la Russie et la France. On imagine que François Hollande n’a que guère apprécié cette comparaison avec le socialiste Adolf Hitler. En tout cas, l’exemple choisi n’a pas tardé à faire nombre d’échos défavorables. Si bien que, dans un communiqué publié vendredi soir, la présidence turque a exclu toute idée d’une référence favorable au nazisme dans les propos du président Erdogan, estimant que la phrase citée était sortie de son contexte. « Il est inacceptable que l’on présente comme une référence positive les remarques de notre président, qui a déclaré que l’Holocauste et l’antisémitisme étaient, avec l’islamophobie, des crimes contre l’Humanité », souligne ce texte. « L’Allemagne d’Hitler est un mauvais exemple qui a eu des conséquences désastreuses d’exploitation du système, qu’il soit parlementaire ou présidentiel », a ajouté le bureau de presse du chef de l’Etat.

Erdogan rêve de devenir comme Obama

La modification de la Constitution qui permettrait au président turc de devenir un super-président comme Barack Obama, Vladimir Poutine ou François Hollande, est actuellement impossible parce que son parti, l’AKP, s’il a récupéré le pouvoir aux dernières élections législatives anticipées a, en revanche, perdu la majorité qualifiée. Il lui manque donc aujourd’hui cinquante voix au Parlement pour réaliser ses ambitions.

L’actuel premier ministre, Ahmet Davutoglu a lancé mercredi un premier dialogue avec le chef du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, pour tenter d’obtenir au moins une alliance de circonstance qui permettrait d’obtenir le quorum de voix requis.

Pour l’heure, la référence à Hitler fait mauvais effet. Mais les Occidentaux ont tellement besoin, aujourd’hui, de la Turquie pour essayer de réguler la crise migratoire, qu’ils passeront sans doute rapidement l’éponge sur cette erreur de discours. Il suffira, la prochaine fois, au président Erdogan de faire référence à l’Union européenne qui a le mérite de cacher son caractère autoritaire sous les références démocratiques qui ne sont pourtant plus, chez elle, que de vains mots.

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François le Luc