Le CSIS promeut une nouvelle idée : créer un enseignement religieux islamique à l’école. Le puissant centre voudrait aider les élèves musulmans à connaître l’islam. L’État a contribué à l’étude qui promeut cette contribution à la prévention. Quant au financement des aumôniers, il connait déjà un francs succès. La loi fédérale suisse sur l’asile prévoit par exemple celui des aumôniers musulmans… mais pas ceux des autres religions.

Mireille Vallette

Il fallait oser ! Même après huit ans de suivi assidu du Centre suisse islam et société (CSIS), j’en reste baba ! Son chef d’orchestre Hansjörg Schmid réclame tout simplement un enseignement islamique confessionnel à l’école qui s’ajouterait à la formule de l’enseignement obligatoire des cultures religieuses. C’est une nouvelle étape, marquante, de l’œuvre d’islamisation du centre. Que Swiss info, plate-forme en dix langues financée par la Confédération, qualifie ainsi : «Une étude récente des universités de Lucerne et de Fribourg atteste des avantages décisifs de ce type d’enseignement».

Nous en sommes donc là grâce à la niaiserie des médias et au fidèle arrosage financier des pouvoirs publics. Pour cette nouvelle revendication, des experts du CSIS appuyés par une spécialiste de l’uni de Lucerne, ont réalisé une étude sur quelques expériences en cours, qui -merveilleuse découverte- correspondent exactement à ce que le CSIS souhaite. Pour cette étude, la Police fédérale (FedPol) a ouvert sa bourse.

«DES COURS SUR L’ISLAM EN CLASSE FAVORISENT LA TOLÉRANCE». C’est le titre du communiqué de presse. Et selon le Grand Maître du Centre, cet enseignement religieux dispensé aux élèves musulmans apporterait une «contribution essentielle à la prévention de la radicalisation ».

Comme je l’ai souvent relevé dans mes 27 articles précédents, le CSIS justifie ses initiatives par ces deux objectifs magiques, «prévention de la radicalisation» et «intégration». C’est un étrange paradoxe : le centre ne cesse de s’indigner de nos préjugés, nos accusations d’extrémisme, nos partis pris à l’égard d’une population si pacifique et apaisée. Mais dès qu’un nouveau projet, une nouvelle étude est dans le pipeline et demande un financement, le CSIS avance la nécessité de prévenir la radicalisation.

En l’occurrence, Hansjörg Schmid a encore ajouté une brique à son édifice argumentaire : cette innovation permettrait «la construction de l’identité» religieuse des petits musulmans. S’ils ne peuvent utiliser des lieux publics et laïques pour s’entendre louer les beautés de leur religion, plouf, ils risquent de faire un pas vers l’extrémisme ! Cette œuvre de prévention n’est-elle pas le rôle des mosquées et associations ? Et si elles jouent bien ce rôle, pourquoi l’État devrait-il s’en mêler ?

Or, affirme le CSIS, elles le jouent magnifiquement ! Son étude sur la prévention de la radicalisation fait miroiter l’incroyable activité des associations musulmanes dans les mesures de prévention. «A cette lecture, écrivais-je alors, on se demande même ce qu’elles font d’autre !» Est-il donc nécessaire de demander en plus à l’État d’islamiser les écoles ?

Adieu laïcité, merci les pouvoirs publics

L’intervention de l’État peut se déployer car, nous explique Hansjörg Schmid, la laïcité est dépassée. Les démocraties sont entrées dans une ère «postséculière» et désormais, «l’État se rend compte qu’il existe (…) une conscience croissante de l’importance sociale de la religion». Du coup, il intervient dans ce domaine, souvent pour favoriser et financer tel projet islamique, par exemple l’un des multiples mis sur pied par le CSIS.

Le Centre islam est proprement obsédé par l’extension de ses liens et de ceux de ses protégés avec l’État. Or, faire briller l’islam, le faire reconnaître et bénéficier de la manne publique sans exigences particulières, ce n’est plus un rêve !

L’État finance ainsi généreusement (entre autres par l’université où le CSIS a ses pénates) un organisme mi-scientifique, mi-religieux, qui s’adresse aux «croyants», fait une intense propagande pour permettre à leurs marqueurs (vestimentaires, alimentaires, rituels) de se déployer dans les institutions profanes. Il s’est penché récemment sur de nouveaux secteurs qu’il souhaite vivement islamiser : l’action sociale et les entreprises. Aujourd’hui, Hansjörg Schmid ajoute l’école. Le CSIS a préparé l’offensive par un colloque où des invités défendaient déjà, de manière parfois grotesque, les cours religieux.

Le directeur tient pourtant à rassurer, «… ces cours d’islam n’ont rien à voir avec du catéchisme», ce sont surtout des «occasions d’échange avec une personne de sa propre confession.» Et puis, «un moment de recueillement possible côté confessionnel pourrait faire sens (…) au milieu d’une journée scolaire très dense». Un casier garni de tapis sera donc indispensable.

Que font d’autre les Frères musulmans ?

On notera que le CSIS fait immanquablement penser à un courant nommé Frères musulmans qui use de la même stratégie : l’entrisme de l’islam, ses rites et ses mœurs, dans un maximum d’institutions profanes.

Pour l’école, il y aura quelques obstacles juridiques, car la religion est une prérogative des cantons. À Genève et Vaud, par exemple la loi interdit l’enseignement confessionnel. Mais les quelques exemples de l’étude montrent, se réjouit Hansjörg Schmid, qu’il existe des «marges de manœuvre». Le CSIS se propose donc de les exploiter pour mener des projets novateurs d’islamisation. «Au niveau des essais pilotes, beaucoup de choses sont possibles», se réjouit-il. Gageons que les idées se bousculent déjà sous la casquette.

Le CSIS aura besoin pour cela de la manne étatique. Le journaliste de Réformés, qui consacre un vaste et complaisant espace au sujet, jette l’hameçon : «Votre étude pointe un aspect rarement soulevé : les difficultés à financer l’enseignement islamique…» Hansjörg attrape : «…il faut un certain courage à un Canton qui investit sur des sujets confessionnels». Mais, «sans perspective de financement claire, construire une filière de formation n’est pas cohérent».

Hansjörg et le CSIS ont déjà montré comment s’y prendre. Grâce à leurs projets-pilotes, leurs études, leurs formations, la profession d’aumônier bénéficie d’un développement spectaculaire ! En partie formés par le CSIS, les aumôniers sont progressivement financés par les pouvoirs publics. Les candidats musulmans se multiplient.

Quand l’État privilégie les communautés musulmanes

Un projet pilote d’aumônerie musulmane vivement soutenu par le Service fédéral des Migrations (SEM) a montré l’extrême utilité de cette innovation dans les centres fédéraux d’asile… grâce à deux évaluations réalisées par le CSIS. Restait un problème : l’absence de base financière. (Voir « Quand CSIS et SEM sont dans un bateau »).

Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a trouvé. Dans le projet de révision de la loi fédérale sur l’asile, 450’000 francs sont prévus pour les aumôniers musulmans. Rien pour les autres confessions ! Le prétexte est que les autres communautés, contrairement aux musulmans, peuvent percevoir un impôt ecclésiastique -extraordinairement lucratif comme chacun sait- ce qui risquerait «un paiement à double».

Les confessions bernées, habituellement si complaisantes, protestent ! Et demandent pourquoi il serait impossible d’imaginer un financement spécifique des aumôniers des communautés chrétiennes et juives.

Là, j’ai comme l’impression que le Secrétariat d’Etat aux migrations, va devoir opérer une légère rétrogression. En attendant d’accompagner son cher Centre dans une nouvelle avancée !

 

Source : www.islamismeensuisse.blogspirit.com