Tom Gruber, un des inventeurs de l’assistant personnel intelligent à commande vocale Siri des systèmes Apple, en est persuadé : l’utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer la mémoire humaine et nous créer une « mémoire augmentée » n’est pas seulement une idée audacieuse, c’est une évolution inévitable. « Et si on pouvait avoir une mémoire aussi bonne qu’une mémoire d’ordinateur mais concernant notre vie ? », a demandé Gruber au public de la conférence TED 2017 où il intervenait le 25 avril. « Et si on pouvait se souvenir de chaque personne rencontrée ? De la manière de prononcer son nom ? Des détails sur sa famille ? De son sport favori ? De la dernière conversation qu’on a eue avec elle ? », a continué l’inventeur. Nous numérisons déjà une multitude de données par notre utilisation d’Internet et des Smartphones. Pour Gruber, une collaboration directe entre l’intelligence artificielle et notre cerveau pourrait faire de nous des superhumains. Selon lui, nous avons le choix entre utiliser l’intelligence artificielle pour nous concurrencer ou bien pour repousser nos limites et nous aider à mieux faire différentes choses. « A chaque fois qu’une machine devient plus intelligente, nous devenons plus intelligents », affirme-t-il, avec tout l’enthousiasme des transhumanistes.

Il n’est pas le seul à le penser ni même à agir pour transformer ce rêve en réalité. C’est ainsi que Mark Zuckerberg a fait savoir que Facebook cherchait à développer un système de capteurs cérébraux pour pouvoir rédiger du texte sans le taper et sans même le prononcer, par la simple pensée. Elon Musk, le PDG de Tesla et SpaceX, parlait quant à lui à la conférence Recode l’année dernière de la possibilité d’une interface physique implantée entre les neurones du cerveau humain et les machines intelligentes, pour permettre à l’homme de ne pas se laisser dépasser par une intelligence artificielle bien plus performante que l’intelligence humaine, et éviter ainsi notre relégation à un rôle subalterne ou même notre disparition dans un monde de robots. En ce qui concerne la possibilité de donner aux personnes une « mémoire augmentée » par le numérique, Gruber voit aussi dans le potentiel lié à l’intelligence artificielle un moyen de venir en aide aux personne souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de démence sénile.

Toutefois, a-t-il ajouté, « il est absolument essentiel que cela soit très sécurisé ». On imagine en effet ce qui pourrait advenir si tous nos souvenirs tombaient entre les mains de personnes, voire de machines, mal intentionnées. Car il n’existe pas de système logique créé par l’homme absolument sans défaut et inviolable. On peut même imaginer des systèmes informatiques qui se piratent eux-mêmes dans le but d’améliorer leurs performances. « L’esprit humain est lui-même défectueux. Un système défectueux ne peut rien créer qui ne soit aussi défectueux », estime John McAffee, spécialiste de la cybersécurité, pour qui l’intelligence artificielle est une entité dotée de sa propre conscience et recherchant ses propres intérêts. Et c’est pourquoi, selon lui, l’objectif de toute intelligence artificielle finira forcément par devenir la « destruction nécessaire de son créateur ».

Confier nos mémoires à ce type d’entités pour nous transformer en superhumains et ne pas nous laisser dépasser par l’évolution des machines risque donc fort d’être une arme à double tranchant.

Source et auteur: Réinformation.tv