Selon les chercheurs de l’ONU, l’Occident ne devrait plus craindre un hiver démographique tel qu’il avait été prévu depuis plusieurs décennies. Il semblerait que d’ici 2100 le remplacement des générations devrait être assuré de sorte que le cap des 10 milliards serait franchi à cette date. Ainsi, sans qu’aucune preuve ne puisse être fournie, c’est de nouveau la surpopulation qui menace. Les agences de l’ONU n’opèrent ici aucun revirement. L’hiver démographique avait été annoncé pour justifier l’immigration dans les pays occidentaux afin de maintenir un niveau de population stable. La surpopulation, partout sauf en Occident, sert à justifier les politiques antinatalistes dont l’ONU est un des principaux protagonistes. Suivant l’intérêt du moment, on agite l’un ou l’autre épouvantail. Au niveau des chiffres, par contre, certaines précisions fournies ne manquent pas d’intérêt. «Les nouveaux chiffres signifieraient que l’avantage démographique prévu de l’Inde sur la Chine pourrait être écourté. L’Inde auraient 75 millions de jeunes de moins d’ici 2050, et 324 millions de moins d’ici 2100, alors que la Chine en attendrait 26 millions de plus que ce qui était prévu jusqu’à maintenant (…) et le Japon obtiendrait une augmentation du nombre de ses jeunes de 7,7 % en 2050, et de 10,4 % en 2100» (“Friday Fax”, 29 août 2011).
En Chine, comme dans d’autres pays d’Asie se pose le problème de la sélection selon le sexe. Il apparaît que plus de 160 millions de femmes ont été victimes de l’avortement sélectif en Asie. Si donc la population est en augmentation par rapport aux prévisions précédentes, le déficit des femmes n’en est que plus grave avec les répercussions prévisibles sur la reproduction. En Europe, «la population jeune d’Allemagne en 2050 augmenterait de 8,5 % à 10 % d’après les nouvelles prévisions de l’ONU, ce qui revient à doubler le nombre de jeunes allemands d’ici à 2100. En Russie, les prévisions du nombre de jeunes seraient le double de ce qui était prévu jusqu’aujourd’hui». Il n’est pas précisé de quelle origine seront ces jeunes. Contrairement à l’ONU, les Etats restent plutôt pessimistes. La Commission européenne ne prévoit pas d’augmentation du taux de natalité en Allemagne, qui devrait rester à 1,4. Le Japon se prononce en faveur d’un taux stable de 1,3. Ces divergences et retournements ne font que discréditer les prévisions démographiques qui semblent davantage refléter les peurs et les intérêts des agences onusiennes qu’une quelconque rigueur scientifique. De plus, il paraît plutôt futile de faire des prévisions à si long terme. Depuis la dynastie des Antonins, l’Europe, puis le monde, n’ont jamais connu une période de paix qui dure 100 ans. Or la guerre a aujourd’hui les moyens de modifier de façon catastrophique les prévisions démographiques les plus sérieuses de même que la distribution de la population du globe. (C. B. C.)
(Correspondence européenne 241/01)