Connaissez-vous Loujain Al-Hathloul ? Cette jeune saoudienne francophone de 30 ans est depuis plus d’un an dans les geôles de la dictature saoudienne car elle souhaite conduire et ne pas se déplacer en voile intégrale.

Alors qu’en Europe, de nombreuses femmes militent pour être enfermées dans une Burqa au nom de la liberté, des femmes, dont Loujain Al-Hathloul, sont en prisons car elle souhaite s’opposer au port du voile obligatoire en Arabie Saoudite, mais aussi conduire librement dans le pays.

Son père était militaire dans la marine tandis que sa mère est professeure d’anglais. Elle a passé une partie de son enfance à Toulon lors d’une mission de son père, ce qui explique sa maîtrise du français.

Une demande d’égalité légitime

Les problèmes de la courageuse Loujain ont débuté en 2014. Elle revendique alors sur les réseaux sociaux le droit pour les femmes saoudiennes de conduire (On est loin des folies de Madame Schiappa…). En 2014, la conduite est totalement interdite pour les femmes. Elle est donc envoyée en prison une première fois pendant 73 jours.

En septembre 2016, elle lance une pétition adressée au Roi — adulé par tous les pays européens — contre le système de tutelle masculine, qui impose à toute femme d’être accompagné par un homme, une fois à l’extérieur de la maison.

En juin 2017, alors qu’elle étudie à la Sorbonne Abu Dhabi, elle est kidnappée avec son mari par les services saoudiens à l’aéroport de Dammam, puis relâchée. On l’a fait descendre et on lui a bandé les yeux, rapporte sa sœur. Elle a été emmenée en Arabie saoudite sur ordre des autorités émiraties. »

Le 15 mai 2018, elle est de nouveau arrêtée et est détenue dans des conditions d’isolement et de tortures. D’autres militantes qui militent pour les droits des femmes sont actuellement en prison, officiellement pour atteinte à la sécurité nationale.

« Détenue à l’isolement, la prisonnière politique était quotidiennement réveillée en pleine nuit, menottée, puis enfermée dans un coffre de voiture, les yeux bandés. Après dix minutes de course, ses geôliers la transféraient dans le sous-sol d’un grand hôtel : une salle de torture que Loujain surnommait le ‘palace de la terreur’. Coups de fouet, technique dite du waterboarding (simulation de noyade)… ‘Il n’y avait que des hommes, rapporte Lina. Ils ont administré des décharges électriques sur ses cuisses, qui ne guériront jamais. Ils l’ont forcée à embrasser d’autres détenues devant eux et elle a subi des attouchements.’ »

Derrière une volonté de moderniser le pays et de policer son image, en accordant par exemple en juin 2018 aux femmes le droit de conduire, il s’agit seulement de communication pour Mohammed Ben Salmane, qui ne souhaite pas véritablement faire évoluer la société.

Pierre-Marie Chauvin, son professeur de sociologie et directeur de mémoire à l’Université Sorbonne d’Abu Dahbi précise que Loujain est une « élève brillante », qui ­impressionne l’équipe pédagogique par sa personnalité et ce qu’elle apporte au groupe.

Emmanuel ­Macron, a évoqué nommément – mais modestement – le cas de Loujain, le 8 mars 2019, lors de la ­Journée des droits des femmes. « J’exprime ici fortement l’espoir de sa libération ­prochaine ».

Loujain Al-Hathloul risque vingt ans de prison, ou la peine de mort. La demande de pardon royal qu’on l’a obligée à signer juste avant son procès a pourtant levé un vent d’espoir au sein du clan familial. Tous s’accrochent à la perspective d’une libération prochaine. Tous sauf Loujain. « La dernière fois qu’elle a appelé, elle m’a dit qu’elle se préparait à rester en prison pour toujours, pour ne pas avoir à gamberger ».

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