Il aura fallu presque trois mois pour que transpire la teneur d’une partie des échanges que le roi Abdallah II de Jordanie a eues avec de hauts responsables du Congrès des États-Unis le 11 janvier dernier à Washington. Middle East Eye en a donné de troublants extraits le 25 mars.
Selon Abdallah, la crise des migrants que connaît l’Europe n’est pas accidentelle, pas plus que ne l’est la présence de terroristes parmi eux : « Le fait que des terroristes passent en Europe fait partie intégrante de la politique turque. La Turquie reçoit une petite tape sur les doigts, mais on la laisse faire ». Interrogé par les législateurs étatsuniens pour savoir si l’État Islamique exportait bien du pétrole en Turquie, le monarque hachémite a répondu par un laconique : « Absolument ».

Sur la motivation stratégique de Recep Tayyip Erdogan, Abdallah estime que le Président turc croit « à une solution islamique radicale pour la région », ajoutant que la Turquie était devenue un enjeu stratégique majeur pour le monde : « Nous en sommes toujours réduits à nous attaquer aux problèmes tactiques contre l’État Islamique, mais pas au problème stratégique. Nous oublions le problème que les Turcs ne sont pas stratégiquement avec nous sur cela ».

Le roi estime que la Turquie ne s’en est pas tenue au soutien à des groupes religieux musulmans en Syrie ou à laisser des combattants étrangers y pénétrer, mais qu’elle aide les milices islamistes en Libye et en Somalie. « La radicalisation a été fabriquée en Turquie » a-t-il lancé à ses interlocuteurs tout en leur demandant comment ils expliquaient le fait que ce soit les Turcs qui entraînent l’armée somalienne… Les autorités turques ont souhaité ne pas commenter officiellement les propos du souverain jordanien, sans toutefois se priver de l’accuser officieusement d’être devenu « un porte-parole de Bashar al-Assad ».

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