Les Marches pour la vie se multiplient dans le monde, mais celle de Rome – qui s’est tenue dans la Ville éternelle le dimanche 10 mai – a toujours une signification particulière. Non que l’Italie soit particulièrement en pointe, que ce soit pour la défense de la vie ou au contraire pour l’extrémisme de sa législation : on y reste dans un régime de dérogation, de dépénalisation sous conditions là où des pays comme la France ou l’Espagne ont instauré un régime de « droit » à l’avortement.
Mais Rome, comme l’a indiqué lors de son allocution finale la présidente de la Marche pour la Vie d’Italie, Virginia Coda Nunziante, est la capitale de la chrétienté. Et à ce titre, parce que la religion catholique est la seule à affirmer aujourd’hui dans le monde la protection de la vie humaine dès l’instant de la conception jusqu’à la mort naturelle, Rome apporte à la mobilisation ce supplément d’âme dont le combat contre la culture de mort a si grand besoin.

Âmes… Qu’on est loin des nations sécularisées où la dimension spirituelle de l’homme est si volontiers mise sous le boisseau ! L’association des pharmaciens catholiques italiens défilait avec une banderole rappelant que chaque être humain doit être protégé et défendu en raison de son âme immortelle. Et Virginia Coda Nunziante a rappelé lors de son allocution à l’arrivée que si les corps des enfants sont menacés par l’avortement, leurs âmes le sont bien davantage par l’idéologie du genre qui se répand partout dans le monde, et spécialement dans les nations (jadis) chrétiennes).

Le long cortège, composé de milliers et de milliers de personnes, s’est ébranlé peu après 14 h 30 de son point de ralliement sur la Via delle Conciliazione, à l’ombre de la basilique Saint-Pierre, pour rejoindre le centre de Rome, le Largo Argentina, puis la Piazza Venezia et le théâtre Marcello avant de retourner vers le Tibre, tout près de Santa Maria in Cosmedin qui abrite la « Bocca della Verita ». Horaire et itinéraire imposés par les forces de l’ordre – mais le point d’arrivée était décidément bien choisi puisque c’est bien de vérité qu’il s’agit. Rétablir la vérité sur le sort des enfants à naître tués dans le sein de leur mère !

Vérité, et donc liberté. La seconde, lorsqu’elle est juste, est le fruit de la première, en l’occurrence elle en était aussi le signe. Les participants français à la Marche auront été frappés par la diversité des bannières, les slogans multiples (« génocide silencieux », « l’avortement tue », « l’avortement blesse, Jésus guérit ») et un pluralisme de bon aloi. Ici la fanfare de la TFP avec ses bannières rouges, ses binious et ses cuivres ; là le prêtre de paroisse taquinant sa guitare ; très remarqué, le groupe du Verbo Incarnato composé de religieux et de laïques, sautillant, dansant, chantant pour rendre hommage au maître de toute vie. La fraternité Saint-Pie X défilait en récitant le rosaire ; les chanoines et séminaristes de l’Institut du Christ-Roi entouraient le cardinal Burke qui a accompagné avec bienveillance la totalité de la Marche. Ne pas croire cependant que l’événement n’accueillait que les catholiques : chacun vient comme il est, des Parlementaires pour la vie aux nombreuses familles à qui l’on ne demandait pas un billet de confession…

Les délégations étrangères qui avaient participé la veille à un Forum mondial pour la famille étaient particulièrement nombreuses, venant de Nouvelle-Zélande et d’Angleterre, des pays de l’Est et des Etats-Unis, d’Espagne et d’Equateur… La France avait envoyé Jean-Marie Le Méné, de la Fondation Jérôme-Lejeune, et encore Angelika et Jean de Poncharra de Choisir la Vie et le Dr Xavier Dor, de SOS-Tout-Petits. Ce voisinage bariolé et divers est un signe d’espoir. Il importe de se mobiliser sans esprit de chapelle, et c’est possible, l’Italie y arrive très bien ; mais sans concessions. D’où le titre de la Marche : Marcia per la Vita, per la vita senza compromessi. Il suffit d’être d’accord sur l’essentiel.

http://www.correspondanceeuropeenne.eu/2015/05/20/italie-marche-pour-la-vie-a-rome/

Jeanne Smits