Les associations Famille et Liberté et Association Française des Familles Nombreuses viennent de publier un “Livre Blanc pour une Nouvelle Politique Familiale” disponible sur le site de Famille et Liberté (17, rue Dupin – 75006 Paris, 10 euros). Un certain nombre de sujets concernant la place de la famille dans l’équilibre d’une nation y sont traités.

Par Claire de Gatellier

Démographie et politique familiale

L’Europe commence à s’inquiéter de son effondrement démographique mais sans en admettre les causes. Or il est clair que démographie et politique familiale sont étroitement liées. Il suffit de comparer la France et le Royaume Uni pour comprendre : ces deux pays ont eu pendant 25 ans une croissance démographique identique. La crise économique n’a entamé l’indicateur de fécondité ni de l’un ni de l’autre. Cependant il a commencé à décrocher en 2013 au Royaume-Uni. Que s’est-il passé ? La revue de l’INED, Population et Société (Ined) de mars 2015 estime que «la baisse de la fécondité au Royaume-Uni, alors qu’elle se maintient en France, ne semble pas liée au chômage: il diminue depuis 2011 au Royaume-Uni alors qu’il a au contraire augmenté en France jusqu’en 2014. Mais elle a peut-être un lien avec la politique familiale, qui a été réformée au Royaume-Uni en 2011 et 2012».

En effet, en 2011 et 2012 une partie de la politique familiale britannique a été mise sous conditions de ressources. Tandis qu’en France c’est à la suite du matraquage des familles à marche forcée des années 2013-2014 que l’indicateur de fécondité a baissé (2015-2016) alors qu’il avait traversé vaillamment les deux crises de 2001 et de 2008. Alors que l’Allemagne ou la Suisse, qui se portent bien économiquement mais n’ont pas de politique familiale, ont des indices de fécondité très bas. A l’inverse, plusieurs pays de l’Europe de l’Est, la Hongrie ou la Russie, qui sont encore des pays pauvres, réussissent à redresser leur taux de natalité avec une politique familiale dynamique et généreuse. Le Livre Blanc donne des détails chiffrés sur ces questions.

Les tentatives de redressement du pays ont échoué parce qu’elles ont toutes négligé le ressort principal de la cohésion sociale, celle où chacun occupe sa place et toute sa place, c’est-à-dire la famille. Quand les familles se délitent, la nation décline, mais que les familles rayonnent à nouveau la nation se ressaisira.

L’une des préoccupations majeures des Français est devenue la lutte contre le terrorisme islamiste. Les medias relayent la stupeur éprouvée devant de si nombreux cas de radicalisation de gens apparemment normaux. Les réflexions développées dans le Livre Blanc laissent à penser que la désagrégation familiale est le meilleur terreau de ce genre de réaction, et plus particulièrement la féminisation de la société et la disparition de l’autorité paternelle et du modèle masculin en général.

Prix de la vie humaine

Un chapitre est consacré au Prix de la vie humaine. Soulignant le fait que « seul l’hommea le pouvoir de détruire lui-même la survie de son espèce, le Livre Blanc constate que, compte tenu des progrès de la science, le débat n’est plus de savoir si l’embryon est ou non un être humain mais si cet être humain a une dignité qui le rendrait sujet de droits et de devoirs et forcerait le respect et certaines règles de conduite vis-à-vis de lui.

Le choix de la vie, plutôt que l’euthanasie, l’avortement ou les manipulations génétiques n’est pas, comme on l’entend dire, une question de choix personnel mais un choix de société. On peut considérer qu’il y a les hommes qui ont le droit de vivre et ceux qui en sont indignes, autrement dit que l’être humain n’a de valeur qu’en fonction de son utilité. Mais qui décidera de son utilité, et de quel droit ? Ce sont les cliniques de Himmler qui, par compassion, éliminaient les enfants anormaux. L’hubris du transhumanisme planifie l’augmentation de quelques privilégiés rigoureusement sélectionnés sur les décombres de la massification du reste. C’est la déraison d’Icare qui, croyant s’affranchir des contraintes de la nature, s’écrase lamentablement et s’anéantit lui-même.

On peut s’étonner de voir le souci écologique, universel aujourd’hui, s’arrêter aux frontières de l’humain. Aucune expérience, parmi les plus artificielles ou contraires à la nature, donc anti-écologiques, ne sont suspectes à l’œil vigilant des gardiens autoproclamés de la nature.

Quel est la première chose à faire ?

Revenir au réel. Convenir que l’homme n’est pas un enfant trouvé, ne dépendant de personne et n’ayant aucuns liens. L’homme naît d’un homme et d’une femme et il a besoin d’une famille, d’abord absolument pour grandir mais ensuite tout au long de sa vie.

La famille est donc constitutive de la personne humaine. Il faut symboliquement le réaffirmer en dissociant résolument dans toutes les instances politiques et réglementaires la politique familiale de la politique sociale. Portefeuilles ministériels distincts et Code de la Famille distinct du Code d’action sociale… La politique familiale n’a pas pour but d’aider une catégorie sociale en difficulté mais de faire vivre la nation en confortant et soutenant le tissu familial

Revenir au réel c’est aussi laisser les femmes être des femmes, ne pas leur confisquer leur féminité en prétendant faire leur bonheur malgré elles. Le féminisme tel qu’il est prôné, c’est bon pour les femmes riches belles et jeunes qui s’en sortiront toujours. Mais les autres ? Rêvent-elles vraiment toutes de se suffire à elles-mêmes ?

Encourager les hommes à reprendre leur place. Pas de pères, pas de civilisation disent les psychologues. A trop dévaloriser l’homme, le père, on voit que, faute d’avoir des hommes à qui s’identifier, les jeunes en quête de virilité restent de perpétuels adolescents ou, pire, deviennent des proies idéales pour les recruteurs du Djihad.

Foin des théories du genre, à l’école et ailleurs. Elles sont tellement contraires au réel qu’on est obligé de multiplier les lois, décrets, circulaires, quotas, tracasseries sans nombre pour faire rentrer dans la tête et la vie des gens qu’une femme et un homme c’est rigoureusement pareil et qu’une femme est beaucoup plus heureuse à conduire une pelleteuse qu’à élever des enfants.

Ne volons pas leur enfance aux enfants. Ce ne sont pas des adultes miniatures et il ne faut surtout pas les laisser, au nom des prétendus « droits sexuels des enfants » avilir et blesser gravement par une éducation sexuelle à l’école aujourd’hui perverse si l’on n’y prend garde, et par une exposition à la pornographie et à la violence.

Source: Correspondanceeuropeenne.eu