Durant ces quelques semaines, nous célébrons à nouveau Noël et donc la naissance de Jésus. Dans son livre, le pasteur Hansjürg Stückelberger montre l’importance de cette fête non seulement pour chaque individu, mais également pour la société tout entière. En voici un extrait.

Pasteur Hansjürg Stückelberger

Avec la naissance de Jésus commence la nouvelle ère pour le monde : la Rédemption de la malédiction du péché et de l’éloignement de Dieu. La ressemblance de l’être humain avec Dieu demeure, bien que les gens ne vivent plus au paradis. De nouvelles forces émanent de créatures nouvelles et transformées, régénérant ainsi leur environnement et, à long terme, la société tout entière. L’amour de Dieu la transforme et la guérit pour la conduire vers plus de liberté, de justice, de paix et d’abondance. Pour cela, il fallait d’abord briser l’unité forcée et inébranlable instaurée il y a des milliers d’années entre religion, culture et État et gagner toujours plus de liberté. Comment les chrétiens, qui formaient au départ une minuscule minorité au sein de l’Empire romain, sont-ils parvenus à façonner l’Empire jusqu’à faire de la liberté un objectif de l’État dans une démocratie ?

La conception biblique de Dieu et de l’homme englobe tous les éléments de notre démocratie libérale : l’État de droit sans acception de personnes ; l’égalité de la femme et de l’homme ; l’individu qui jouit de la liberté de pensée et de recherche, y compris des technologies qui en découlent ; mais aussi l’abolition de l’esclavage et la dignité inaliénable de l’être humain ; la séparation de l’Église et de l’État ; le bien-être social et les droits de l’Homme ; en résumé, toute la puissance civilisatrice de l’Occident. Il aura néanmoins fallu des siècles pour aboutir à cette transformation révolutionnaire.

Conflits avec l’Empire romain

Parce qu’ils se tenaient à l’écart des fêtes sacrificielles officielles et refusaient de présenter des offrandes d’encens devant la statue de l’empereur, pourtant exigées de tous, les chrétiens étaient perçus comme des ennemis de l’État. Ils sapaient la sécurité et la prospérité de l’Empire aux yeux des Romains. Ces derniers craignaient également la vengeance des dieux. L’empereur donna alors l’ordre de persécuter les chrétiens pour assurer l’unité de l’Empire. Les exécutions de chrétiens lors de spectacles dans les amphithéâtres eurent un premier effet inattendu. Le public réalisa que les chrétiens étaient différents. Il y avait à cette époque beaucoup de nouveaux groupes religieux, de prophètes autoproclamés et de sociétés secrètes. Mais aucun de leurs adeptes n’était prêt à donner sa vie pour la nouvelle doctrine. Les chrétiens, eux, devinrent plus nombreux précisément en raison des persécutions.

Les chrétiens se distinguaient également parce qu’ils s’aimaient les uns les autres, accordaient une plus grande importance aux femmes et aux enfants que leurs contemporains romains ou païens, soignaient les malades, venaient en aide aux pauvres et aux mendiants et traitaient les esclaves avec respect. À cela s’ajoute le fait que ce sont essentiellement les classes inférieures qui acceptaient l’Évangile : les femmes, les ouvriers portuaires, les soldats et les esclaves. L’amour pour les pauvres, les malades et les esclaves était étranger aux Romains. À Rome, les maîtres-mots étaient pouvoir, argent et honneur. Pourtant, l’amour que les chrétiens avaient les uns pour les autres, pour les esclaves et pour les malades impressionnait même les Romains. C’est pourquoi, avec le temps, des riches, des femmes de la noblesse, des hauts fonctionnaires et des officiers se tournèrent eux aussi vers le christianisme, malgré les dangers que cela impliquait.

Un autre effet des persécutions est souvent oublié. Il concerne les chrétiens eux-mêmes. Les procès ont formé des individus, condition fondamentale de la liberté et de la démocratie. Le fait de mener sa vie selon ses propres décisions est loin d’être aussi évident que cela puisse nous paraître, à nous qui avons été façonnés par la culture occidentale. Il suffit de se pencher sur les comportements tribaux et les modèles de pensée clanique de nombreux peuples pour s’en convaincre. L’islam aussi empêche largement les musulmans de penser par euxmêmes. Ces derniers doivent se soumettre à la volonté d’Allah. L’écrivain d’origine syrienne Bassam Tibi a raconté comment il a lui-même appris à se considérer comme un individu qu’après être arrivé en Allemagne.

C’est la conception biblique de l’homme qui a permis de vaincre toute forme de résistance et de changer les cœurs à travers l’amour. Peu à peu, la conception chrétienne de l’être humain est devenue le fondement de la société et de la législation. C’est ainsi qu’ont été créées les conditions préalables à la démocratie libérale.

L’auteur est le fondateur de Futur CH et fête son 91e anniversaire en décembre. Pour commander le livre: Bestellformular ou T : 021 624 97 07