Il est sans nul doute louable et nécessaire de vouloir globalement protéger les femmes et les filles de toute forme de violence. La « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », sur la mise en oeuvre de laquelle le Conseil des États débattra en février 2017, semble poursuivre exactement cet objectif. Cependant, l’étude des 122 pages de la « convention d’Istanbul » montre que ce traité dépasse largement les buts mis en avant. Nous sommes ici en présence d’une codification systématique et radicale de l’idéologie du genre, comme l’affirme la fondation Futur CH dans sa réponse à la consultation.

Dominik Lusser

Dans cette convention, l’égalité totale entre hommes et femmes est considérée comme la clé de la lutte contre la violence faite aux femmes. Cette égalité est comprise comme un concept qui traque toute différence notoire entre les sexes et l’assimile à une discrimination de la femme (pourquoi pas de l’homme, d’ailleurs ?). On peut lire dans le rapport explicatif de la convention que la violence faite aux femmes « constitue à la fois la cause et la conséquence de rapports de force inégaux fondés sur les différences perçues entre hommes et femmes » et qu’elle « mène à la subordination des femmes dans les sphères à la fois publiques et privées ».

Cette convention ne fait pas la distinction entre la nature et les différences historiquement construites entre hommes et femmes ; elle désigne en bloc toutes les différences entre les sexes comme étant liées au pouvoir et à la violence. Ce marxisme culturel radical n’est pas compatible avec les principes d’un Etat de droit garant des libertés (individuelles). Il a en effet été largement prouvé que c’est souvent davantage dans les sociétés prospères et libres que dans celles marquées par la pauvreté et le manque de liberté qu’on trouve les plus grandes différences entre femmes et hommes en ce qui concerne les préférences de mode de vie, par exemple dans les choix professionnels ou la participation au marché du travail.

Vers une rééducation de la société

La convention prévoit des mesures « pour promouvoir les changements dans les modes de comportement socioculturels des femmes et des hommes en vue d’éradiquer les préjugés, les coutumes, les traditions et toute autre pratique fondés sur l’idée d’infériorité des femmes ou sur un rôle stéréotypé des femmes et des hommes ». Les programmes d’études officiels doivent intégrer la promotion de « rôles non stéréotypés des genres » à tous les niveaux d’enseignement. De plus, les États s’engagent à coopérer étroitement avec les ONG concernées (c’est-à-dire avec les féministes adeptes de la théorie du genre), ainsi qu’à soutenir financièrement leurs activités. On voit sans peine que cette convention représente un grand danger pour l’Etat de droit libéral, la liberté d’opinion, le droit des parents à éduquer leurs enfants selon leurs critères et la liberté de religion. En prévoyant de sanctionner n’importe quelle inégalité entre les sexes comme un fait de violence envers les femmes, elle augmente le risque d’abus de droit. Par exemple, la notion de « violence économique » n’est pas explicitée, ce qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d’interprétations. En conséquence, sous la pression du politiquement correct, la législation et la jurisprudence risquent de s’éloigner d’une pratique équitable et d’ouvrir la voie à une guerre des sexes idéologique.

Ne pas alimenter la guerre des sexes

Dans un souci de préserver la paix sociale et de ne pas alimenter la guerre des sexes dans notre pays, la Fondation Futur CH rejette donc l’arrêté fédéral portant mise en oeuvre de la convention d’Istanbul et préconise de combler les éventuelles lacunes (p. ex. dans la protection des femmes au sein des familles migrantes) par des mesures ciblées.